#12 - Choisir et optimiser son GPS - Traverser la Hongrie en bikepacking - Convertir un vieux VTT en Gravel Bike.
L'essentiel du Gravel et du Bikepacking - 14 janvier 2021
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Il y a quelques semaines, je vous avais parlé de mon intention d‘amener des épisodes thématiques , plus courts mais très techniques. Alors j’ai un peu loupé mon coup sur la durée puisque l’épisode du jour dure 1H30 mais mon invité n’est autre que David Morice, fondateur du site actuduvttGPS et spécialiste reconnu de ce domaine.
Nous allons décrypter ensemble l’univers fabuleux du GPS, comment choisir un GPS pour nos pratiques tout-terrain et longue distance, comment optimiser son fonctionnement, son autonomie, comment optimiser la navigation, la cartographie et éviter ainsi quelques désagréments.
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HUNGARIAN DIVIDE : L’AVENTURE CONTINUE !
Photos et texte : Vincent Olivier
Passionné de voyages à vélo, je me suis récemment converti aux épreuves bikepacking tout terrain, j’ai notamment participé en 2019 à la Gravel Tro Breizh, la Baroudeuse Unpaved Race et la French Divide. Cette année, j’ai décidé de me lancer dans un nouveau projet professionnel pour devenir Web Designer.
Ayant connu la vie d’expatrié pendant plusieurs années en Asie, je souhaitais retrouver cette qualité de vie en Europe. Mon regard s’est rapidement tourné vers Budapest, une ville magnifique, dynamique, idéalement située et offrant un accès rapide à la nature. Au même moment, j’apprenais la création de la Hungarian Divide, épreuve bikepacking naît du succès de la « 5 Peaks 500 ». Sans hésiter, je me suis inscrit à cette épreuve dans sa version longue distance et afin de me préparer physiquement, j’ai tout simplement décidé de rejoindre le départ à vélo via Budapest. Parti de Bretagne sur l’itinéraire de l’EuroVélo 6, aussi appelé la route des fleuves, j’ai ainsi parcouru plus de 3000 km en un mois tout en essayant de préserver mon capital énergie. Durant ce périple, j’ai été assez surpris de recevoir de nombreux messages d’encouragement sur la page Facebook du groupe « Bikepacking Hungary ». Mon intégration vers ma nouvelle vie hongroise ne pouvait pas mieux commencer.
En attendant le départ…
Mercredi 19 août 2020 : Premier arrivé sur le lieu du départ, je découvre un magnifique petit lac au milieu d’une nature foisonnante, nous sommes dans l’ouest du pays près de la frontière autrichienne. J’en profite pour méditer et repenser au long chemin parcouru depuis la Bretagne. Au fil des arrivées, je fais connaissance avec les autres participants, en majorité des Hongrois. J’échange également avec Marcell, l’organisateur de l’épreuve, sur nos visions respectives du bikepacking. Au regard des chiffres (1200 km et 20000 m de D+), je m’attends à vivre une épreuve exigeante à l’image de la French Divide.
Mon équipement…
Ayant fait le choix de venir à Budapest avec mon vélo de voyage pour démarrer ma nouvelle vie d’expatrié, j’accepte de partir avec un handicap de poids ! Avec un vélo chargé approchant les 30 kg, inutile de viser la performance, je m’élance dans cette aventure avec le simple objectif de découvrir le pays et d’y faire de belles rencontres. Côté confort, je suis cependant bien placé : tente, matelas, duvet, oreiller, vêtements de rechange.
Une première journée éprouvante
Jour 1 [ 157km 10h38 D+2349m ]
Jeudi 20 août 2020 : Sur la ligne de départ, tous les types de vélo et de configurations possibles sont présents. Je ressens néanmoins chez certains participants un manque de préparation et malgré leur enthousiasme, beaucoup seront contraints à l’abandon. C’est la dure loi des épreuves bikepacking tout terrain où la distance moyenne quotidienne à parcourir ne reflète en rien le nombre d’heures de selle. Impatient de m’élancer, le départ est enfin donné à 10h avec d’entrée une section technique, rendue boueuse par la pluie des derniers jours. Je décide de rouler deux heures sur un tempo soutenu, grisé par l’adrénaline et l’ambiance du départ avant de prendre mon rythme de croisière. Le parcours emprunte de belles sections « gravel » et les 80 premiers kilomètres seront vite avalés. La suite de la journée sera pourtant bien différente : nous enchaînons une succession de montées-descentes qui se font la plupart du temps à côté du vélo. Heureusement, je peux compter sur Balázs, un compagnon de route hongrois pour me remotiver dans les moments difficiles. À la nuit tombée, nous commençons pourtant à douter. Faut-il continuer au risque de puiser dans nos réserves dès le premier jour ou s’arrêter sagement pour bivouaquer. Ensemble, nous décidons finalement de rouler encore deux heures jusqu’au Sztúpa, le plus grand d’Europe situé à Zalaszántó. Même si, initialement, je souhaitais atteindre le CP1 le premier jour, cela nous fera passer la barre des 150 km, ce qui reste conforme à mon objectif de terminer l’épreuve en huit jours.
Une journée de vélo inoubliable
Jour 2 [ 181km 11h50 D+2800m ]
Vendredi 21 août 2020 : Même si je n’ai pas très bien dormi, je suis heureux d’avoir passé la nuit sous un ciel étoilé pour me réveiller dans ce lieu magique, gommant au passage la fatigue de la veille. Par manque d’anticipation, c’est sans eau que je dois effectuer les 30 premiers kilomètres de la journée vers le premier « Check Point » du parcours. Arrivé au CP1 et accueilli par l’équipe organisatrice, je découvre depuis la tour d’observation une vue splendide sur le plus grand lac du pays, le Balaton. Cette étape sera la plus belle de la semaine, elle traverse de pittoresques vignobles situés sur de belles collines ensoleillées. À la nuit tombée, je me retrouve au pied de la dernière ascension, je décide alors de faire une pause dans le seul restaurant ouvert du village pour y déguster un délicieux Goulash, le plat national hongrois à base de bœuf mijoté, de paprika et de pommes de terre. Un délice ! Les quatorze kilomètres d’ascension jusqu’au CP2 seront pour moi un moment de méditation avant de plonger dans un profond sommeil et ainsi conclure cette belle journée de vélo.
Grosse chaleur et fiesta au camping
Jour 3 [ 159km 10h10 D+1872m ]
Samedi 22 août 2020 : Après un départ dans la fraîcheur matinale, les premières chaleurs se font vite ressentir. Je passerai ma journée à la recherche des pompes à eau bleues présentes dans tous les villages de Hongrie et qui me sauveront de la déshydratation. L’objectif du jour est de rejoindre le CP3 afin de passer la nuit au camping pour profiter d’une bonne douche et des restaurants aux alentours. Cependant, à mon arrivée, on me prévient que la nuit risque d’être agitée. Une horde d’étudiants profitent de leurs derniers jours de vacances pour faire la fête, musique à fond jusqu’à 3h du matin. Je compose avec et malgré le manque de sommeil, je décide de reprendre la route vers 5h. Les gouttes de pluie n’entament pas ma motivation, à ce moment-là, je me sens bien physiquement et moralement.
Gérer les hauts et les bas
Jour 4 [ 162km 12h45 D+3103m ]
Dimanche 23 août 2020 : Cette journée sera marquée par le passage symbolique à la mi-course et la traversée de Budapest. Malheureusement, pour beaucoup de participants s’étant engagé sur la version longue distance, la tentation d’abandonner à côté de chez eux était trop grande, surtout au regard du programme qui nous attendait dans la partie nord du pays avec de nombreuses et interminables ascensions. Bien que n’ayant jamais vraiment douté de mes capacités à finir l’épreuve, j’ai connu durant cette journée de nombreux coups de mou. Finalement, c’est bien normal lorsqu’on passe plus de douze heures par jour à pédaler. D’ailleurs en ce quatrième jour, je ne me voyais pas aller plus loin que Budapest, mais après une sieste réparatrice, j’annonce à Marcell, présent au CP4 : « Rendez-vous mercredi soir à l’arrivée ». Il me reste alors près de 600 km à parcourir, sacré challenge ! Je roulerai finalement jusqu’à 23h avant d’installer ma tente sur les hauteurs de Csobánka pour y passer une bonne nuit réparatrice.
De retour sur le Danube
Jour 5 [ 155km 11h13 D+3113m ]
Lundi 24 août 2020 : Au réveil, le lever du jour m’offre un spectacle magnifique, le ciel est teinté de rose, les montagnes sculptent l’horizon. La journée s’annonce belle avec notamment cette traversée du Danube qui émotionnellement représente beaucoup pour moi, l’ayant suivi sur près de 1000 km depuis la forêt noire en Allemagne jusqu’à Budapest. Ce court moment de répit laissera place à une ascension brutale dans une pente à 30%. Encore une fois, le dénivelé positif total de la journée dépassera les 3000 mètres. Que j’envie les configurations légères de mes deux nouveaux compagnons de route, Matej et Pavel, aussi sympas qu’expérimentés. Nous roulons sur un bon rythme et rattrapons des concurrents partis trop vite, ayant eu des soucis mécaniques ou des pépins physiques. Je retrouve d’ailleurs mon ami Péter à un arrêt de bus, il m’explique qu’il est très fatigué et qu’il attend avec impatience la pizza qu’il a commandée. L’expérience est essentielle sur ce type d’épreuves, il faut réussir à gérer une multitude de paramètres pour rallier l’arrivée. En cette fin de journée, je commence à faire les comptes, car j’aimerais bien me laisser 400 km et terminer tranquillement l’aventure en trois jours afin de profiter au maximum de l’ambiance et des paysages. Vers 22h, je trouve un site de bivouac idéal au milieu de la forêt et j’en oublie presque la fatigue.
Atteindre les sommets
Jour 6 [ 204km 14h25 D+3724m ]
Mardi 25 août 2020 : L’objectif du jour est d’atteindre le point culminant de la Hongrie, le Mont Kékes (alt. 1014 m). Seulement 400 km me séparent alors de la ligne d’arrivée. Au cours de la journée et au fil des ascensions, je m’aperçois que les sensations sont bonnes et je commence à me dire qu’il est possible de terminer l’épreuve en moins de sept jours. Vers 20h, je me prépare pour affronter la nuit, le froid et la dernière mais terrible ascension du jour. Après quatre heures d’effort intense, c’est vers minuit que j’atteins enfin le CP7, mission accomplie ! J’ai l’impression d’avoir conquis l’Everest après 200 km et plus de 14h de vélo. Malgré la fatigue, je prends le temps de manger et m’installe confortablement sous la tente pour quatre heures de sommeil. J’en profite pour surveiller la position des autres participants. Certes, ce n’est pas une course, mais à l’approche de l’arrivée, chacun cherche à repousser ses limites et conserver sa position. D’ailleurs, vers 2h du matin, j’entends passer Boruzs, auteur d’un incroyable final (450 km sans dormir) après avoir connu des problèmes gastriques, respect monsieur !
Dernière ligne droite…
Jour 7 [ 196km 13h05 D+2813m ]
Mercredi 26 août 2020 : 5h du matin, le réveil sonne. Pas le temps de s’apitoyer sur mon état de fatigue et le mal aux jambes, je dois lever le camp pour remplir ma mission et décrocher le très convoité t-shirt de « finisher ». La récompense peut paraître bien maigre par rapport à l’effort fourni, mais c’est ce qui fait aussi la beauté de ce sport. Les cent premiers kilomètres de la journée seront relativement faciles (route asphaltée et vent favorable) surtout que je serai assez vite rejoint par les deux amis tchèques qui avaient décidé la veille de dormir juste avant le sommet pour éviter les températures trop fraîches. Ensemble, nous nous réjouissons que ce soit notre dernier jour de vélo alors que de nombreux concurrents ont déjà abandonné ou sont encore loin du but. Après une bonne partie de manivelles à 40 km/h sur la route, je décide de lever le pied pour terminer à mon rythme. J’avais tout calculé pour arriver avant la nuit, mais c’était sans compter sur une fin de parcours exigeante (40 km en 4h) et les orages qui feront leur apparition. Avec la tombée de la nuit et la pluie, je suis contraint de redoubler de vigilance sur ce terrain rendu boueux et glissant. Je m’aperçois que mon phare avant est cassé et que je n’ai plus de batterie… ni dans ma frontale, ni dans mon téléphone. C’est sur le mode « urgence », la frontale connectée à la batterie de secours que je parcours péniblement les quinze derniers kilomètres dans l’obscurité totale. J’ai bien cru devoir m’arrêter pour passer la nuit en forêt et attendre le lever du jour pour rallier l’arrivée. C’est finalement vers 21h30, soit six jours et demi après le départ, que je termine l’épreuve. Ma tête à l’arrivée en dit long sur mon état de fatigue…
Épilogue...
Au final, cette épreuve bikepacking a connu un vrai succès populaire avec un bel engouement sur les réseaux sociaux et du côté des « dotwatchers ». Nous avons roulé sur un parcours magnifique et extrêmement varié, bien aidé par une météo clémente. Pour ma part, je suis heureux et fier d’avoir réussi à mener à bien mon projet, être au départ de la première édition de la Hungarian Divide et la conclure en « finisher ». C’est sans hésiter que je vous conseille de venir participer à cette belle épreuve, certes exigeante mais tellement passionnante.
Sportivement, Vincent.
Bricoler
Convertir un VTT 26” de 20021 en Gravel Bike
Image et montage : Sylvain Garcia (https://www.ridebike11.fr)