#20 - 🎧 Benoit Bigot - 📚 Les Flandres - Paul de Vivié - La Touraine - 🎬 L'Irlande en Gravel
L'essentiel du Gravel et du Bikepacking - 10 mars 2021
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Lors de l’épisode 99, vous avez brièvement écouté Benoit Bigot, de retour d’un périple provençal avec Stéphane Brogniard. Dans cet épisode, je discute plus longuement avec Benoit pour en savoir davantage. Et cela intervient un lendemain de grosse sortie, Lyon - Mont-Ventoux en pignon fixe, comme à son habitude, et seulement quelques jours avant de repartir avec Stéphane Brogniart (épisode 80), Nathalie Baillon (épisode 83) et Guillaume Klein (épisode 71) à l’assaut d’une aventure à travers les Vosges.
Benoit, c’est une personnalité haute en couleur, affublé de nombreux surnoms mais surtout adepte de la provocation… Mais c’est aussi un athlète méticuleux, qui prépare soigneusement ses défis. Il peut sembler un peu fantasque ou exubérant mais ne vous laissez pas tromper par ces faux-semblants…
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Gravelman Flandres
Texte et images : Guillaume Bazin
Le 26 février dernier, j'ai participé à mon premier GravelMan dans les Flandres.
Départ de Paris à 6 heures, arrivé à 8 heures à la Maison bleue de Roubaix. Beaucoup de participants sont déjà partis, je voyais leur point avancer à partir de 6 heures, et j'avais déjà super hâte de rouler.
Je salue l’orga, petit contrôle du matos et me voilà enfin le cul sur la selle en direction du vélodrome de Roubaix, départ officiel de cette aventure. Premier selfie, le sourire vissé jusqu'aux oreilles.
Un GPS tout neuf sera mon compagnon de route pendant ces 350 kilomètres. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de le tester mais je lui fais confiance, il me guidera à travers champs et forêts. 20 minutes plus tard, j'aperçois un vélo devant moi que je rattrape pour parler à mon premier collègue Gravelman ! On parle quelques minutes, puis il s'arrête pour retirer une couche. Effectivement, malgré un brouillard assez épais, le soleil apparaît rapidement le long des canaux du nord et la température s'adoucie.
Kilomètre 44. J'arrive au premier point de passage, le mont Kemmel. Bonne première mise en jambes : des pavés et un bon raidillon. Un selfie et un pipi et me voilà reparti aussitôt en direction du Mont des Cats, 16 kilomètres plus loin.
Je suis en pleine forme, j'avance bien. Il fait beau et les petites routes que nous prenons me permettent de bien avancer. Les chemins, eux, sont assez roulants et pas trop humides malgré la pluie de la veille.
J'arrive à 12h30 à Ypres avec d'autres Gravelmen. J'achète quelques barres et profite des conseils d'un participant du coin pour manger un bon burger avec des frites. Je jette un coup d'œil au suivi live et repars rapidement pour tenter de rattraper un groupe devant moi.
L'après-midi est parfaite, un peu de vent, mais on fait avec. J'arrive à Oudenarde vers 17 heures après avoir doublé le groupe que je suivais sans m’en rendre compte. Je continue, toujours en très bonne forme, je n'ai pas mal aux jambes ni aux fesses mais aux tétons ! Erreur de débutant, le cuissard frotte jusqu’à ce que je mette mon t-shirt en dessous.
Un peu avant que le soleil ne se couche, trois participants me rattrapent. C'est ceux que j'ai dû doubler à Oudenarde. Je prends leurs roues avant qu'ils ne me sèment dans une côte. Surpris de me voir en 26 pouces, freins à patins et t-shirt, ils ont bien ris quand je leur ai dit que j'allais bivouaquer quand je serais fatigué !
Le soleil se couche et une belle pleine lune se lève. J'allume mes lumières, le plus dur est à venir.
Quelques kilomètres plus loin, des odeurs de pizza cuite au feu de bois m’ouvrent l’appétit... Il ne m'en faut pas plus, je craque. Je le regretterais plus tard dans la soirée en ayant mal au ventre, mais sur le coup, j'ai vraiment apprécié !
Plein d'énergie, je repars sur la trace. C'est à ce moment que mon GPS choisit de m’indiquer la trace seulement avec un trait fin rose que je n'arrive presque pas à voir. J'avance quand même mais ma vitesse, entre la nuit et ce GPS, a nettement diminué. Je passe quand même le Paadestraat et arrive en haut du mur de Grammont. Je suis au kilomètre 226, je roule depuis 12h30 environ. Je croise deux Gravelmans qui me conseillent de dormir ici, mais j'ai encore envie d'avancer, et il n'est pas trop tard. Le couvre-feu ici est à minuit. Ça me laisse encore un peu de temps alors je reprends la route.
Musique dans les oreilles, les choses se compliquent, il y a de plus en plus de chemins et de dénivelé, c'est assez humide et beaucoup de petits ruisseaux traversent les chemins. Je pose le pied souvent, c'est toujours mieux que de tomber sur des barbelés d'un côté, ou dans un roncier. Malgré ma prudence, je tombe quelques fois, sans me faire mal. Deux heures plus tard et 25 kilomètres de plus au compteur, j'arrive dans un village. L'église est fermée et en me disant que je vais dormir dans un abribus, je vois un petit office de prière. Celui-ci est ouvert ! Je m'installe à l'intérieur avec mon vélo juste à côté. Je pose matelas et duvet, et m'allonge pour dormir quelques heures d’un sommeil réparateur.
Quelques voitures m'ont réveillé dans la nuit, mais quelle bonne nuit ! 5 heures de sommeil et me voilà reparti. Il fait assez bon mais il y a beaucoup de brouillard. J'attaque directement avec des chemins. Mon Surly troll fait des merveilles, il est simple mais efficace, confortable et robuste !
J'arrive au pied du Paterberg. Florent Schneider, le photographe, et Steven sont en haut. Je ne peux pas poser le pied au sol, malgré la côte à 20% sur la fin. Heureusement que mon développement me permet de mouliner et que j'ai chargé mon vélo à l'avant : je sentais la roue se lever. Ils m'encouragent avant de me laisser continuer. Le soleil se lève derrière le brouillard et éclaircit les chemins, c'est quand même plus facile. Le Mont Patererg était la grosse dernière difficulté. Je traverse la frontière française sans m'en rendre compte, dans les chemins. J'arrive ensuite sur une longue zone pavée du Paris-Roubaix. Je m'arrête à une intersection et un monsieur me conseille de prendre à gauche car "c'est vraiment sympa comme chemin". Je le remercie et lui dit que j'ai déjà fait une belle ballade.
Sur les pavés de l'arbre, ou juste à côté quand c'est possible, je me dis que les coureurs du Paris-Roubaix sont complètement fous ! Moi qui pensais m'entraîner sur les pavés parisiens, ce n'est rien à côté d'ici.
Les derniers kilomètres sont vraiment agréables. Il y a quelques beaux singles et de belles rivières. J'arrive en ville mais je ne sais pas combien de kilomètres il me reste ; je m'interdis de regarder pour profiter du moment. Je reconnais alors les derniers virages arrivant au mythique vélodrome de Roubaix : comment résister d’y faire quelques tours, pour boucler la boucle. Ça y est, mon premier Gravelman est terminé. 350 kilomètres en 27 heures en ayant dormi 5 heures dans une petite chapelle. Je suis fier de moi. Quelle aventure !
Histoire
Paul de Vivié : le père spirituel du cyclotourisme
« La bicyclette n'est pas seulement un outil de locomotion ; elle devient encore un moyen d'émancipation, une arme de délivrance. Elle libère l'esprit et le corps des inquiétudes morales, des infirmités physiques que l'existence moderne, toute d'ostentation, de convention, d'hypocrisie - où paraître est tout, être n'étant rien - suscite, développe, entretien au grand détriment de la santé. »
Paul de Vivie "Vélocio", né en 1853 à Pernes dans le Vaucluse, peut être considéré comme le véritable créateur du cyclotourisme.
En 1887, il fonde la revue "le cycliste forézien" qui devint plus tard "le cycliste" et fut distribué jusqu'en 1974. En 1888, Paul de Vivie, crée le néologisme " cyclotourisme ". Dès ce moment, celui qui avait très vite pris le pseudo de vélocio s'intéresse à toutes les nouveautés du cyclisme qu'il teste et commente dans sa revue : bichaine et autres ancêtres du changement de vitesse... Précurseur tant en technique, qu'en diététique, il exhorte les industriels stéphanois à se lancer dans la fabrication des cycles. Vélocio est également qualifié par la presse de l'époque de " père du Touring Club de France ".
Loin des instances dirigeantes et du microcosme parisien, il utilise son temps libre pour effectuer de très longues randonnées parcourant ainsi chaque année 20 000 kilomètres. Il démontre à cette époque que l'on peut rouler longtemps (il faisait des étapes de 40 heures), pour peu que l'on suive des règles élémentaires de pratique et d'hygiène.
En 1903, il effectue St-Etienne / Menton (aller & retour) soit 950 km en quatre jours. A partir de 1924, il donne rendez-vous aux lecteurs de la revue "Le Cycliste" aux Baux de Provence. Ainsi est née la concentration de Pâques ou " Pâques en Provence ".
En 1922, il initie avec trois de ses proches la première grande manifestation cyclotouriste : la vélocio, au départ de St-Etienne. Cette manifestation se développa très vite pour approcher les 1 000 participants à la veille de la deuxième guerre mondiale.
Inventeur du cyclotourisme, se pensant comme un voyageur à bicyclette s'appuyant sur un matériel fiable et un bon entrainement, Paul de Vivie ne fut jamais un champion ni un athlète mais il nous a légué ses sept préceptes du cyclotouriste, lesquels sont encore très valables aujourd’hui (sauf peut-être le 5…).
Les 7 préceptes de velocio
- Haltes rares et courtes, afin de ne pas laisser tomber la pression.
- Repas légers et fréquents : manger avant d'avoir faim, boire avant d'avoir soif.
- Ne jamais aller jusqu'à la fatigue anormale qui se traduit par le manque d'appétit et de sommeil.
- Se couvrir avant d'avoir froid, se découvrir avant d'avoir chaud et ne pas craindre d'exposer l'épiderme au soleil, à l'air, à l'eau.
- Rayer de l'alimentation, au moins en cours de route, le vin, la viande et le tabac.
- Ne jamais forcer, rester en dedans de ses moyens, surtout pendant les premières heures où l'on est tenté de se dépenser trop parce qu'on se sent plein de forces.
- Ne jamais pédaler par amour-propre.
En 1930, il demeure un randonneur assidu malgré ses 76 ans. Alors qu'il avance à pied dans la rue, son vélo à la main, il est renversé par un tramway et décédera peu après. Conformément à ses souhaits, ses cendres ont été dispersées au sommet du Ventoux, sommet mythique pour tous les amoureux de la petite reine.
« Est-ce du tourisme, est-ce du sport, ou bien est-ce simplement un peu fou, que d’aller de Saint-Étienne à Marseille et en revenir en deux jours et demi ?
Ce sera ce que l’on voudra, mais, ce faisant, je me suis fourni une preuve dont j’avais besoin, en faveur des bicyclettes polymultipliées et de l’alimentation strictement végétarienne. »
Sources : Wikipédia /Le petit braquet
Rouler
Touraine Gravel Challenge - 11 & 12 septembre 2021 - Tours (37)
Hansel (grand parcours) 170 km - 1200 D+
Le mot challenge ici n'est pas usurpé ! Il te faudra entre 8 et 11 heures pour venir à bout de ce parcours. Cette randonnée est destinée aux participant(e)s aguerri(e)s à la longue distance. Une belle et grande journée sur le vélo avec la découverte des plus beaux châteaux de la Touraine sur un terrain varié et bien "graveleux" !
Gretel (petit parcours) - 90 km - 500 D+
C'est notre randonnée "découverte" mais pas moins exigeante pour autant ! Tu dois être capable de rouler de 4 à 6 heures sur un terrain roulant mais avec quelques beaux petits raidars. Tu pourras découvrir le merveilleux patrimoine de la Touraine tout au long du parcours.
Revue de presse
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