#21 - 🎧 Joe Grant - 📚 La GTB de Vincent - La Trans Iowa - La Northcuesta track - 🎬 Islande, Colorado, Iowa
L'essentiel du Gravel et du Bikepacking - 18 mars 2021
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Dans cet épisode, j’ai l’immense plaisir de parler avec Joe Grant.
Joe, c’est un ultra-traileur de haut vol, amoureux de la montagne, amoureux du Colorado où il vit et toujours amoureux de la France où il a grandi et étudié. Mais Joe, c’est aussi un amoureux du vélo et spécialement du Bikepacking : 1er UTMB en 2009 avec une 20e en 26h07, 2 podiums sur la Hardrock 100, une traversée des USA à vélo, 2 fois le Colorado trail à vélo et à pied, une tournée des sommets à plus de 4000m à pied et à vélo, pour ne citer qu’eux….
Lire : Ankou et Trapanelle s'en vont main dans la main sur un petit chemin de terre.
Texte : Vincent Mouyna // Images : Vincent Mouyna, Gravel Tro Breizh & Bidaia
Jour 1 : Rennes/Sarzeau
En sortant de la voiture le froid est glacial, je choisis au dernier moment d’enfiler un collant long, de prendre un coupe-vent et les gants longs. Quelle riche idée, je m’en suis servi toute la semaine.
Départ 7h01, contrairement à l’an dernier l’étape n’est pas de tout repos, les premiers portages, les passages technique et le dénivelé sont là pour nous rappeler à l’ordre. Vers le 50 ème kilomètre j’effectue ma première rencontre avec l’Ankou (dans la légende bretonne, il est le serviteur de la mort censé récupérer les âmes des défunts dans sa charrette)
-“Coucou toi, qu’est-ce que tu fais là?
-Je viens t’empêcher de faire cette épreuve, AHAHAAHA”
-Non je ne crois pas… aiiiiiie”
Je ressens une décharge électrique dans le genou, blessure contractée en tandem il y a 15 jours avec ma chérie sur les bords de l’estuaire de la gironde. Je commence à prendre peur, je mouline, fais des pauses et passe les passages trop physiques à pied. Le CP est au 160ème km. Ce sera mon objectif du jour, puis je ferais le bivouac et on verra demain. Cette première journée sera basée sur la résilience. En approche du CP, je me trompe de chemin et me voilà lancé dans une cuvette pleine de boue d’une exploitation agricole. A la sortie je tape le pneu arrière, adieu le tubeless.Je passe en chambre à air au CP.
Avec les concurrents présents nous nous donnons rdv à la crêperie d’Arzal. Nous dînons à 5 avec Romain le bordelais, Tanguy et Seb les copains Vannais puis Virginie et Arnaud le couple 2.0 comme ils aiment le dire.
Après ce repas un ride nocturne d’une cinquantaine de km sous le rythme de Seb nous permet d’arriver à Sarzeau où nous nous arrêtons exténués avec Tanguy dans la petite grange d’une maison de vacances. 3 murs, un toit, de la paille au sol et un muret d’un mètre sépare la grange en deux. Nous avons donc une chambre quasiment isolé du froid et de l’humidité et une partie garage pour nos vélos. Super spot pour le 1er bivouac. Je pommade le genou et lui fait une sorte de cataplasme avec une pochette plastique.
Jour 2 : Sarzeau/Fort-Bloqué
Il a fait froid la nuit dernière mais nous étions bien au chaud, en route pour l’objectif numéro 2 le CP: café pêcheur de Lomener. Promenade dans le golf du Morbihan pour commencer la journée, je fais toujours attention à prendre soin de ma douleur. Les passages sont encore magnifiques, il y a toujours très peu de route sur la trace de Fred, mais par contre nous découvrons de superbes surprises comme un tunnel d’environ 1m75 de haut où pour passer il faut se coucher sur sa machine. La fin de journée est compliquée, j’arrive au CP2 en pleine fringale avec Tanguy, Joran et Guy.
Le coca et les chips font du bien, la pinte de bière me satellise. Tous les participants présents au CP mangent dans la crêperie juste à côté, où je prends 5 crêpes beurre sucre à emporter pour le petit déjeuner. Chacun avec son besoin de sommeil part sur la trace chercher son spot bivouac. Je retrouve Romain et sur les conseils de promeneurs, nous cherchons l’observatoire à oiseaux de l’étang de Lannelec pour poser le camp. Après plus d’une demi-heure de recherches infructueuses nous prenons la plage de Fort-Bloqué comme bivouac avec la base nautique comme paravent.
Jour 3 : Fort-Bloqué/Quimper
Je me réveille de façon très matinale, mon package fait, je me lance sur la trace à 5h40. Je laisse Romain sur la plage, il avait encore besoin de repos. A l'orée du jour, je me lance dans la forêt de l’abbaye Sainte Maurice. Le petit déjeuner est avalé à Quimperlé et j’embarque avec moi un fuet piquant. La suite de la journée sera très sportive, dans un chemin caillassé mon bidon de l’an dernier tombe et s’éclate en deux. Je ramasse les morceaux et les jette dans une poubelle plus loin, il vaut mieux avoir plusieurs bidons dans ce genre d’épreuve.
Je rejoins Florian et nous partageons la route jusqu’à la pause déjeuner à Gourin. C’est technique et ça ne fait que de monter. Je laisse Florian sur un incident de sacoche. La pluie commence à tomber, le moment idéal pour que l’Ankou refasse surface.
Motivé j’aborde une descente technique qui nous fait rejoindre le canal. Sur une grosse pierre descendue un peu fort, je tape la roue arrière, je déchausse et part dans le décor. Pensant me rattraper sur une souche, je tends les bras et passe au travers; elle était pourrie. Au final ce sont mes deux genoux qui la prennent de plein fouet au niveau de la base, au moins ça m’a arrété.
Pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, je veux profiter de ces bonnes jambes pour avancer le plus. Quelques kilomètres plus loin nous devons sortir de la trace pour éviter une partie privée. La tête dans le guidon je rate le coche et m’engage. Ce sera dans ces hectomètres boueux que mon dérailleur va perdre un galet (le dérailleur a dû toucher quelque chose dans la chute). Je le retrouve avec sa vis, le remonte avec un roulement en moins. Ca a l’air de rouler alors je me remets en selle. Cette mésaventure m’a fait perdre le passage des vitesses. Je ne peux plus descendre les rapports. Mais je trouve une solution après avoir détendu le câble à l’aide de la manette je tire avec le pied sous hauban arrière de façon à ce que le dents tombent le tout en roulant.
Il est 18h30 passé, je ne serais jamais arrivé à Quimper avant la fermeture des magasins de vélo, la prochaine fois j’embarque un câble de dérailleur. Je me résouds à continuer à avancer comme ça pendant le jour férié et tout faire réparer jeudi. Le bois du Stangala se présente à moi, je tombe sur Aubin. On discute un peu puis nous remontons le parcours afin d’aller boire une bière sous un mur d’eau. Après cette pause rafraîchissante, nous profitons de tout le stangala pour faire des photos. Je me mets sec et m’engage dans les côtes du tour de France.
Sentant le vent tourner, je prends un hôtel pour la nuit. Un peu déçu de ne pas avancer plus, une nuit au sec me fera du bien avant la journée du lendemain. Je rentre l'adresse dans le gps et là ce dernier me fait un cadeau 6km dont quelques uns dans des chemins dignes d’être inscrit à la GTB de l’an prochain: très technique et parcourus de pleine nuit sous une pluie diluvienne. Le Stangala peut aller se rhabiller.
Jour 4 : Quimper/Douardenez
Il a plu toute le nuit, un déluge j’ai même eu le droit à une fuite dans la chambre. Réveil à 5h, ça semble s’être calmé. J’avale un thé et un morceau de sandwich et me voici en route. Les premiers km sont routiers, tout se passe bien, je change les vitesses comme la veille avec le pied. Le premier chemin se présente après une quinzaine de kilomètres. Sans rentrer fort dessus, un bruit intervient dans ma roue arrière, un rayon vient de se rompre. Merci l’Ankou! Je n’envisage pas de rentrer à la maison aujourd’hui, nous ne sommes que mercredi.
Je ne peux plus avancer même en marchant, mon pneu de 42 vient se coller contre le cadre. Gwen passant quelques minutes plus tard, possède une clef à rayon. En quelques coups de celle-ci il me permet de retrouver un peu de liberté à l’arrière et le vélo peut rouler. Certes je ne vais pas le pousser à son maximum, mais j’avance tranquillement dans l’espoir de trouver ce magasin qui sauverait ma GTB.
Petit moral, petit rythme je m'arrête petit-déjeuner, différents concurrents passent. Puis arrive Michel Gros Braquet qui a encore plus le moral dans les chaussettes que moi. On commence à rouler ensemble en essuyant quelques ondées orageuses. Nos discussions et une pause bière à Audierne nous font le plus grand bien. Les différents chemins ont fini de voiler la roue ,elle touche à nouveau le cadre à chaque tour. Pas grave ça roule, on avance. Ce qui semblait impossible le matin va se réaliser, on va réussir à rejoindre le CP de la pointe du Van. Julien nous offre un sandwich au pâté et Vincent le Goret nous récupère. Il est heureux de retrouver du monde, Fred nous conseille de ne pas nous engager sur la boucle de Brest en raison des conditions météorologiques et du retard accumulé. Un peu déçu, je ne dis rien mais je reste optimiste en me disant que si demain mon vélo est réparé, je pourrais reprendre la marche en avant. Après ce CP la pluie est de retour, nous gagnons Douarnenez où nous prenons une chambre à 3 pour se réchauffer et faire sécher les affaires. Une petite marche de récupération active nous mène vers une pizzeria, la patronne dans un élan de grande gentillesse nous ramène à l’hôtel après le dîner.
La suite la semaine prochaine…
Histoire
Trans-Iowa; la matrice du gravel moderne.
Novembre 2004. Il fait froid et sombre ce jour-là à Cedar Valley, petite bourgade typique à quelques kilomètres de Iowa City. Mark Stevenson et Jeff Kerkove sont collègues de travail chez Europa cycles & ski, le magasin de vélo local. La conversation va bon train entre les deux compères et Jeff Kerkove se met à rêver d’une épreuve traversant l’état de l’Iowa.
Intervient alors Russ Clarke, propriétaire de Europa cycles & ski et qui a déjà parcouru ce tracé dans les années 80 avec 3 compagnons de route. Cette 1ère tentative fut réalisée sur le bitume avec des vélos de route, sur une distance de 320 miles (environ 500 Km) et tirait elle-même son inspiration des mythiques RAGBRAI (Register's Annual Great Bicycle Ride Across Iowa) et RAAM (Race Across America).
Dès lors, pourquoi ne pas tenter cela en VTT sur les chemins de terre ? A cette époque, routiers et vététistes ne roulaient sur le gravier que pour profiter de la résistance accrue du chemin. Le terme Gravel Grinding était né mais désignait donc davantage une méthode d’entrainement complémentaire qu’une pratique à part entière.
Parallèlement, Jeff et Mark partent à la chasse aux renseignements et contactent Mike Curiak, cycliste d’ultra-endurance et initiateur entre autres de la Kokopelli Trail race ou encore la Great Divide Race. Un accord est conclu avec Richard "Deke" Gosen, pionnier du VTT, organisateur du Decorah Time trial et d’épreuves d’endurance en VTT sur les chemins de terre.
« Deke » leur lance un étrange «si vous organisez cette épreuve et que personne ne termine, êtes-vous ok avec cette idée ? ». Mark et Jeff échangent un regard et déclarent « oui, pas de soucis ». L’épreuve s’achèvera donc à Decorah, sur les terres de « Deke ».
Le parcours fût tracé par Jeff kerkove, il suffisait maintenant de faire passer l’information. Un message sur un forum et la limite de 50 participants (pour un montant d’inscription de 20$) fut atteinte en un jour et demi.
La 1ère Trans Iowa mountain bike race était née, et avec elle, la matrice des futurs évènements tels qu’on les connait aujourd’hui : départ de nuit et auto-suffisance. Pas de fléchage (et pas de fichier GPX évidement à cette époque), mais une cue-sheet (feuille de route). La météo s’avère souvent un obstacle de taille. La pluie s’ajoute au froid et transforme les chemins de terre en un gigantesque piège de glaise collante.
Le 16 avril 2005, 50 participants étaient au départ de cette 1ère édition. Suivront 14 éditions qui feront entrer cette épreuve dans la légende de l’ultra-endurance. L’année suivante à Emporia (Kansas) Jim Cummins s’inspire de la Trans Iowa pour créer la Dirty Kanza, épreuve iconique du Gravel rassemblant 6 000 participants.
Source : Le blog de Mark Stevenson retrace l’intégralité des éditions et offre un regard unique sur le développement de cette épreuve. Les amateurs de matériel trouveront également l’évolution du Salsa Fargo depuis 2008.
Rouler
NorthCuestaTrack - 10 au 12 juillet 2021 - Erquinghem-Lys (59)
“NorthCuestaTrack qu’est-ce que c’est que ce truc ?!!!!!
La NorthCuestaTrack est un événement collaboratif LYSVTT et la marque LGR (LesGrandsRomantiques).
Après le succès de la première édition qui a vue le jour en 2020, nous somme enchantés de proposer la V2 de la NorthCuestaTrack !
Le projet a pour vocation de vous faire goûter à l’esprit du bikepacking.
Découverte de l’activité, test matériel en vue d’une plus grosse épreuve à venir ou challenge personnel, rappelez-vous que pour nous, l’essentiel est que vous preniez un max de plaisir !
La NorthCuestaTrack est un brevet cycliste qui se déroule dans la région Haut de France (avec un très court passage en Belgique) sur une distance d’environ 500 KM et 5 000 M minimum de D+ en autonomie totale, sans assistance en mode « off road » (tout chemin).
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