#24 - 🎧 Alain Rumpf - 📚 Les Ardennes Belges en Bikepacking - Culs de sac et gâteaux 🎬 Les Flandriennes vintage, Arigatou, Red Fang
L'essentiel du Gravel et du Bikepacking - 8 avril 2021
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Dans cet épisode, je discute avec Alain Rumpf, hommes d’images, d’histoires sur 2 roues et de folles chevauchées à travers ses Alpes Vaudoises, un authentique passionné de vélo avec ou sans crampons. Après une TCR en 2015 qui l’a transformé en profondeur, Alain le routier à l’ancienne s’est mué en bikepacker expérimenté, adepte des micros-aventures, l’oeil aux aguets, toujours prêt à dégainer son appareil photo.
Cet épisode est créé en partenariat avec Velocio, dont Alain est ambassadeur.
Velocio, c’est une marque de vêtements cyclistes, route et tout-terrain, conçue aux Usa et fabriquée en Italie entre le Piémont et la Toscane.
Au delà de la qualité de fabrication et de l’esthétique, je suis ravi de débuter une collaboration avec Velocio, qui porte des valeurs humaines, sociales et écologiques très fortes. Par exemple, 1% du chiffre d’affaire est reversé à des causes environementales, certains vêtements sont fabriqués à partir de matières recyclées, les emballages sont 100% biodégradables, ou encore l’organisation de sorties à vélo dédiées au ramassage de déchets.
Il y aurait beaucoup à raconter encore, allez jeter un oeil sur velocio.cc, notamment l’onglet culture.
Récit - L'Ardennes Arbalète : 3 jours de VTT bikepacking en solo
Texte et images : Nathan Bento (IG @papabents)
Hurlement de douleur dans la forêt. Pas d’écho, pas de réponse. Je dégage tant bien que mal le vélo chargé qui m’est tombé dessus après ma chute. Ai-je quelque chose de cassé ? Mon épaule a pris cher. Je la tâte, la fait rouler, bouge le bras en avant, de côté… aïe, vers l’arrière… ouille !
Bon, malgré la douleur, rien de cassé on dirait. Soulagement. Je me refais le film de ma chute. Des ornières apparaissent subitement sous ma roue alors que je roule trop vite. Soudain, ma roue part à droite, mon corps à gauche. J’étends mon bras pour amortir le choc. Mon épaule tape; ma tête tape. Heureusement, le terrain était plus boueux que rocheux. Je m’ébroue. Vérifie que tout est là et qu’il n’y a pas de casse puis remonte sur le vélo. Je teste la position de conduite. L’épaule tient le coup. Ouf ! Je peux continuer mon périple.
Cette mésaventure m’est arrivée au matin du deuxième jour. Manque de vigilance causée par la fatigue du premier jour ? Ou la caféine n’avait pas encore fait son effet ? La veille, j’avais entamé un périple de plusieurs jours en bikepacking VTT à travers l’Ardenne belge. En effet, depuis l’été dernier, je me suis mis en tête de participer à la French Divide à l’occasion de l’année de mes 40 ans. C’est donc dans l’intention de me préparer à cette épreuve de dingue (15 jours pour boucler 2300 km et environ 34000 mètre de dénivelé positif) que je me suis lancé le défi de parcourir en trois jours une trace dénichée sur bikepacking.com. Trace de 365 km et 5900 mètres D+, qui prévoit entre 4 et 6 jours de parcours, mais qui, parcourue en 3 jours, s’apparentait à une section type de la French Divide.
Pendant les vacances de la Toussaint, une fenêtre de trois jours de beau temps s’ouvrait. Parfait ! Je charge mon mullet (vieux VTT D4 monté en 26", mon autre VTT carbone 29" étant en toujours réparation…) avec ce dont je pense avoir besoin pour ces trois jours de microaventure. Pas de tente, pas de réchaud, pas de provisions à part quelques barres énergétiques, juste un sac de couchage, un matelas pneumatique, une doudoune, des sous-vêtement en laine et quelques outils.
La veille du départ, je prends le train jusqu’à Liège et passe la nuit en auberge de jeunesse. Au matin, c’est le ventre bien rempli que j’entame mon objectif de parcourir 165 km, jusqu’à la première aire de bivouac répertoriée sur le topo. Il faut d’abord s’extirper de la métropole liégeoise: direction le pays de Herve via un RaVel (ancienne voie ferrée reconvertie en voie verte) puis bifurquer vers le sud et les rives du lac de la Gileppe.
La voirie asphaltée qui en fait le tour est un ravissement avec les couleurs d’automne et les rayons du soleil qui filtrent à travers le feuillage chatoyant. De belles pistes forestières m’amènent ensuite dans la région des Hautes Fagnes, étendue de tourbières qui donne à ce coin de Belgique un petit air de bout du monde.
La trace m’emmène d’abord sur une piste déjà empruntée à l’occasion d’une chouette randonnée gravel — la “Dirty Boar Gravel Ride” — puis en plein dans la tourbière et ses quelques caillebotis posés çà et là.
Après avoir galéré plus d’une heure dans la fange, je m’en extirpe enfin pour me restaurer au point le plus haut de Belgique: qui culmine — attention — à 694 mètres d’altitude ! Pas de quoi se mettre en hypoxie. Soit ! En toute logique, cela ne va faire que descendre… La trace m’emmène ensuite au fond d’un magnifique petit vallon avec une petite monotrace bien sympathique, même si pour accéder à la cascade de Bayehon et ses gorges, je suis passé à côté d’un panneau informant que la zone était ouverte à la chasse. Pas très rassurant, mais je fais confiance aux chasseurs pour ne pas me confondre avec un sanglier et de toute façon, je n’ai pas entendu un seul coup de feu. C’eut été bien dommage d’y renoncer car le parcours était magnifique jusqu’à Malmédy, charmante petite bourgade où je me ravitaille.
La nuit tombe alors que je m’aventure au fin fond de la province de Luxembourg. Arrêt friterie à Gouvy, puis difficultés à trouver le chemin que la trace veut me faire emprunter. Je fais des aller-retour puis un détour pour continuer mon tour. Leçon du jour: s’il est impossible de franchir un obstacle, il suffit alors de le contourner. Les chemins champêtres et forestiers m’emmènent enfin à Houffalize où je peine à trouver l’aire de bivouac fixée comme objectif. J’ai la chance improbable dans mes errements de tomber sur un autochtone, au lieu-dit “l’ermitage” (on est bien dans le thème !), qui m’indique précisément où elle se trouve. Nuit sous un abris ouvert aux quatre vents, mais avec un sol en béton.
-2°C. C’est la température qu’indique mon GPS alors que je me remets en route. Ça caille ! Pas étonnant que j’ai eu tant de mal à m’extraire de mon sac de couchage ! Les prés sont blancs. Je n’ai pas le courage de prendre des photos. Je n’espère que l’arrêt boulangerie où je me rechargerai le ventre et les batteries.
Plus loin, c’est la chute relatée plus haut. Traversée d’Achouffe un peu trop matinale pour profiter de la bière qu’ils y brassent (notamment la Chouffe). Le sentier longe un cours d’eau “réaménagé” par des castors. Ces taquins transforment aussi, ce faisant, le chemin attenant en ruisseau boueux… Pistes forestières parfois roulantes, souvent boueuses à s’enfoncer jusqu’au moyeux. La nuit tombe à l’approche de Saint-Hubert. Je décide alors de pousser jusqu’à la 2e aire de bivouac indiquée sur la trace à proximité de Nassogne. Pour y arriver pas trop tard, je décide de sortir de la trace. Je ne suis cependant pas épargné par la topographie et gravit péniblement les côtes qui me séparent d’un repos salvateur.
Se sentir vivre. Sentir son corps vibrer, frissonner en fendant l’air glacé ou surpris par un bruissement de feuillage et un grognement de sanglier dans la nuit. Sensation simples et dont notre vie moderne nous éloigne tellement. Plus loin, le bivouac s’avère être une cabane chauffée et occupée par une joyeuse assemblée de convives qui font une petite fête à la lumière des bougies.
Ils sont aussi surpris que moi de les voir, mais me réservent un accueil extrêmement chaleureux. Je décline leur invitation à manger et me rends au village voisin pour me restaurer et charger les batteries. Il va falloir investir dans une dynamo ! Les joyeux convives plient bagage alors que je reviens à la cabane. Le garde forestier remet même une bûche dans le poêle. Douce attention, mais nuit trop chaude !
Au matin du troisième jour, je décide de quitter la trace. Mon épaule me fait trop souffrir pour m’amuser à extraire mon vélo chargé des bourbiers dans lesquels nous nous enfonçons régulièrement. Alors, je fais confiance à l’application Wahoo Elemnt qui me fera quand même passer par des sentiers d’un GR impraticables assis sur la selle… Bref. A ne jamais utiliser avec un vélo de route.
Un magnifique soleil illumine cette belle journée d’automne. Je profite toutefois des nombreuses voies asphaltées pour lever la tête et admirer la succession de collines de la Famenne et plus au loin, du Condroz. Difficile d’imaginer que je dois arriver là-bas encore aujourd’hui. Je rejoins et quitte successivement les rives de l’Outre avant de définitivement la suivre après le pique-nique pris à Comblain-au-Pont. Paisible balade qui me rapprochera progressivement de la civilisation, du bruit, de la pollution, mais aussi et surtout de la gare où je parviens à sauter tout de suite dans le train qui me ramènera à la maison.
Bilan de ces 3 jours de microaventure : encore ! Même si j’ai mal partout et que mon épaule grince toujours (une semaine plus tard), je ne peux que me projeter vers la prochaine microaventure et faire des calculs savants pour savoir comment la caler dans un emploi du temps de mari/papa/travailleur à plein temps. J’ai bien quelques projets en vue de continuer la préparation de la French Divide (Normandicat 900 ?), mais ceux-ci sont encore trop conditionnés. Ce qui est certain, c’est que l’aventure peut commencer dès qu’on franchit le pas de la porte pour peu qu’on le souhaite.
Histoire(s)
PAUL TEXIER, ULTRABIKER AVANT L’HEURE
“A l’âge de 55 ans, tout jeune retraité de la SNCF, Paul Texier s’installe à Millau. Un homme discret connu pour ses œuvres d’art tournées sur bois précieux. Mais ce que l’on sait moins de lui, c’est qu’il fut un ultra-cyclorandonneur collectionnant dès l’âge de 20 ans toutes les grandes aventures françaises et européennes à vélo qu’il archiva minutieusement dans trois petites valises en bois. Par amitié, il accepta d’ouvrir ces petits coffres-forts.”
“Seconde rangée, année 56, je découvre un petit passeport, format paquet de cigarettes, le livret de son premier Paris – Brest – Paris. Il n’a que 21 ans, 1200 km à parcourir, sans compteur, sans GPS, plaque de cadre le N°76 et la liste des 21 points de contrôle avec pour arrivée finale le Parc des Princes s’il vous plaît. Paul sera au départ de la célèbre PBP, 10 fois, 10 fois finisseur, sans chichi, sans grigri. Enchaînant même en 1971 la version Audax et Randonneur soit 2400 km en 9 jours.”
Revue de presse
Liens cités dans l’épisode avec Alain Rumpf :
«Le vélo d’Alaphilippe n’est pas fait pour tout le monde»
La TCR dans la presse nationale en 2015
Des gateaux et des culs-de-sac : 500 Km de bikepacking en Suisse
Les micros-aventures de Alastair Humphrey
Autres liens :
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