#4 La Corse en Bikepacking, les Vosges en Gravel, la RAF 2000.
L'essentiel du Gravel & du Bikepacking - 17 novembre 2020
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Dans cet épisode, je vous propose un debrief du Bikingman Corsica avec Nathalie Baillon (4e), Guillaume Klein (5e) et Stéphane Brogniart (3e avant disqualification).
Vous avez été nombreux, très nombreux même, à écouter les épisodes avec Guillaume, Stéphane et Nathalie. Les voilà maintenant réunis pour un échange haut en couleur et dans la bonne humeur. Tous les 3 reviennent sur cette expérience un peu particulière : couvre-feu oblige, les participants avaient la contrainte de rouler entre 6h du matin et 21h. Comment ont-ils géré la tension ? Réponse dans cet épisode !
Qui sont les pratiquants Gravel &Bikepacking en Francophonie ?
Merci de prendre 2 min pour répondre à quelques questions.
Rouler
La Traversée du Massif Vosgiens - par Bobby Kent
La Traversée du Massif Vosgiens (TMV) est un itinéraire initialement conçu et balisé par la Fédération française de cyclotourisme. Destinée au VTT, elle semble aujourd’hui délaissée de tout pratiquant. Pourtant, cette traversée se révèle être un terrain parfait pour le gravel.
De nombreuses portions sont abandonnées à leur sort et les balises, au fil du temps, se font de plus en plus rare. Malgré cela, depuis quelques années, cet acronyme fait à nouveau parler de lui pour une tout autre pratique.
Tout aussi confidentiel que le vétété à ses débuts, le gravel semble y avoir trouvé un parfait terrain de jeu. D’une distance de 410 km pour environ 10 000mD+, la traversée serpente dans le massif des Vosges en empruntant des pistes, des routes forestières, quelques single-tracks et bien entendu de courtes sections de portage, apportant à cette épopée un petit goût d’aventure et une grande sensation d’évasion.
Il traverse également de nombreux villages tous plus pittoresques les uns que les autres, permettant d’y trouver ravitaillement et logement. Les refuges non gardés, jalonnant le parcours, font également de bons points de chute. D’autant plus si vous avez de la chance d’y trouver un poêle et de quelques buches. On peut grapiller quelques informations sur cet itinéraire des sites officiels qui ne semblent pas l’avoir totalement oublié.
En savoir plus:
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Race Across France - Fabrizio Munzone
La folle aventure ...
9 Jours, 46 Heures et 11 minutes, c’est le temps qu’il m'aura fallu pour relier Mandelieu-la-Napoule au Touquet, un voyage intérieur extraordinaire.
Mais, revenons au début de cette aventure, ce 14 Août 2020.
Mon départ approche, le cardio s'accélère, mon visage se crispe, je me mets un coup sur le casque et commence le compte à rebours : « 5, 4, 3, 2, 1, c'est parti ! » Un joli coucher de soleil en toile de fond, je roule accompagné de cyclistes des clubs alentours pendant quelques kilomètres, histoire de papoter, direction Grasse.
La nuit tombe, il fait bon, tout va bien.
Je m’arrête dans un village pour faire le plein d'eau et repart aussi sec...Que c'est agréable ce silence !
Seul au monde ! La nuit est magique. Soudain, voilà que mes intestins me rappellent à l’ordre, il est 3 heures du matin. « Ça doit être cette fontaine ? ». Je gère et je me dis que ce n'est pas grave. J’avance malgré tout.
15 Août 2020, il est 7 heures du matin. C’est une belle journée qui s’annonce, il va faire chaud. J’arrive à Gordes, toujours aussi émerveillé par ce village. Ça cogne dur et mon état n’est vraiment pas terrible. Je m'accroche et passe le col de Murs puis redescends pour prendre la direction de Venasque.
Enfin, je décide de faire une pause repas et un petit dodo de 2h au « Bed &bike » chez Olivier Brochery.
Finalement, manger avant le Ventoux n’a pas été pas une bonne idée. Il ne m’a pas fait de cadeau « le Mont Chauve » ! Une chaleur étouffante ! Je dois même poser le pied à terre. Je touche le fond, et pense à l’abandon, je n'ai plus de force, et cette envie de vomir qui ne me lâche pas...Mais une petite voix me dit que je ne peux pas arrêter, que je dois continuer dans ma lancée tant bien que mal. La nuit commence à tomber, j'arrive au premier Cut-off.
En voyant Arnaud, je lui dis que la barrière horaire est dépassée, que c'est mort ! il me répond que j’ai 11 jours et qu’il faut que je reparte, et que je me repose avant de prendre des décisions.
21H22 : je suis en haut du mont Ventoux, je redescends sur Malaucène, nous sommes toujours le 15 Août.
Tout est complet, plus de service pour manger. Je décide donc d'avaler une purée de betterave et dodo dans mon « bivi ».
Le lendemain matin, réveil à l’aube. Magique ! Mon état est top ! Je fais le plein dans une boulangerie et je file. Je rencontre Simon qui est sur le 1000 KM. Nous décidons de rouler ensemble. Divajeu, Crest, Mirabel et Blacons Die puis le col du Rousset, Saint Jean de Royans, Bourg d'Oisans, l’Alpes d'Huez, le lac de Chambon.
Finalement, je continue seul et franchis le Col du Lautaret, le Galibier puis petit arrêt à Saint Michel de Maurienne pour prendre une chambre d’hôtel.
Après une douche et une pause, je repars.
Il est 2 heures du matin ;
L’Aube se lève, on peut apercevoir les montagnes... Je me sens si petit et me dis que j’ai de la chance.
J’arrive dans une ville pour me ravitailler avec des croissants et un bon café chaud. Je fais la connaissance de Mathieu qui roule comme moi... un pur régal et de bonnes rigolades. C’est une chance inouïe d'avoir un compagnon de route pour arriver jusqu’à Doussard. Nous passons le Col de l'Iseran Cormet de Roseland puis Pascal nous rejoint dans l'aventure.
Comme nous voulons arriver à Doussard très rapidement, nous quittons Pascal qui décide de s’arrêter pour dormir. Nous passons le col de la Colombiere à 2h30 pour enfin arriver à Doussard à 4h du matin. Pascal sera tout de même finisher tant bien que mal, malgré la fatigue. Mes nausées sont revenues, m’obligeant à marcher à côté de mon vélo pour faire passer ce moment détestable. Je m’en rappellerais du col de la Colombiere !
Je dors à Doussard pour repartir à 9 h, il me reste 1600 km. Les jambes sont là, le moral aussi.
Passage au lac du Bourget, au col du Chat, direction Trévoux où Thomas viens me voir avec sa petite famille pour me ravitailler en eau, puis direction Crèche-sur- Saône, où mon ami Valex m'attend avec un ravito.
J’appelle Lolo pour donner de mes nouvelles.
Je roule toute la nuit sur les toboggans de Bourgogne en passant par le Charolais, passage à la base de vie de Gueugnon où je rencontre Olivier Degrange.
Une première pour moi de voir le château de Chambord, et ensuite Blois. Les kilomètres défilent...
Je ne sens plus la fatigue. Le corps se régénère tout seul. Je pédale et je me pose plus de question. Je suis bien dans ma tête. Les villes défilent : Crosmieres, Alençon, Carrouges...Je passe Joué du bois, (drôle de nom pour un village).
A Saint martin des Besaces, je filme une éolienne de tellement prêt que le bruit de l’air fouetté par les hélices est assourdissant.
22 Août, il est 20h52, j'arrive à Grandcamp Mary, Au menu ce soir, c’est frites et un dodo dans une laverie à l'abri du vent : on devient minimaliste en Ultra.
Je passe les plages du débarquement durant la nuit. C’est tellement puissant et magique !
Passage à Courseulles- sur- Mer avant de franchir le pont de Normandie. Le vent souffle et m’accompagne jusqu'à Londinières où je fais une pause dîner et propreté. Je décide de rouler toute la nuit dans cette forêt lugubre. Je crois que je n’ai jamais autant pédaler si vite...des craquements d'arbres supers flippants ... cette route est interminable. Je roule avec un vent de face accompagné d’une pluie fine
... Je tiens bon, plus que quelques kilomètres ...
Mes yeux commence à me jouer des tours :
hallucinations, panneaux qui se déforment, des gens au loin qui marchent et qui disparaissent, des lignes blanches qui se lèvent ...Je vous rassure, je n’ai pas usé de substances illicites, c’est juste de la fatigue. Le jour se lève et je me rapproche du Touquet. Mon GPS me fait tourner en bourrique, mais malgré cette nuit difficile, je veux arriver pour en finir et être dans les temps.
Enfin, j'arrive au Touquet à 7H49 après 9 jours d’aventure. Je suis calme, serein et humble dans mes propos. Cette Raf m’a fait grandir et j’en ressors différent.
La Race Across France est une belle aventure intérieure, où il faut être patient.
Plus rien ne sera comme avant, parole de finisher.
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Bonjour Richard, quelle est la marque de barres chargées en matières grasses dont tu parles avec Guillaume Klein sur ton podcast "Bikingman" ? Merci d'avance.