#5 La Gravel Tro Breizh, un trip bikepacking avec un bébé, la vallée de Chevreuse en Gravel
L'essentiel du Gravel & du Bikepacking - 23 novembre 2020
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Dans cet épisode, je discute avec Conrad Colman.
Conrad est le 1er Neo-Zélandais à avoir pris le départ du Vendée Globe en 2016, puis le 1er navigateur à terminer cette course sans le mât. Cycliste accompli, il était également au départ de la Gravel Tro Breizh en septembre dernier.
Parler avec un navigateur, c’est une occasion unique de parler de gestion du sommeil, de mental et de gestion des risques. Vous allez découvrir le parcours étonnant de Conrad ; un tour du monde en bateau avec ses parents, puis les USA où il roulait avec l’équipe nationale de VTT, l’Angleterre où il vendait des cadres en titane et fabriquait des voiles, et enfin la France et Lorient pour accomplir son rêve de gagner le Vendée Globe.
Qui sont les pratiquants Gravel &Bikepacking en France ?
Merci de prendre 2 min pour répondre à quelques questions.
Rouler
Gravel sur les hauts du parc naturel de la vallée de Chevreuse - Par Romain RS.
Parcours technique et varié : du single, un peu de route, de l'allée forestière et du chemin de tracteur en plein champs. Boucle au départ de Saint-Rémy-Lès-Chevreuse à 600m du RER B qui vous ramènera quasi au même point : au pied de la côte de la Madeleine à Chevreuse. Un peu de pilotage et du gros mollet seront nécessaire pour passer les singles tortueux et certaines bosses courtes et cassantes.
Cette boucle alterne des parties très cassantes et d'autres plus roulantes comme cette allée de 5km de long tout droit entre champs et forêt qui vous fera plonger dans les Vaux de cernay.
Quelques pièges mineurs sur la trace qui n'a pas été corrigée :
Juste après l'étang de Favry, cul de sac sur la droite, pas la peine de s'y aventurer...
A la sortie de Girouard, le single longe la route sur quelques centaines de mètres, 4m plus haut sur la droite (route de Girouard)...ce serait dommage de rater ce single et de rester collé au bitume 4m plus bas.
Attention au secteur Mesnil-Saint-Denis où la trace n'est pas très propre sur 600m (des détours dans une résidence en bord de forêt). Pour rester en dehors de civilisation, on peut privilégier le chemin de cailloux blancs en parallèle qui vous mènera au même endroit (chemin des fonds de Bellepanne).
Lire
Paris-Rambouillet en famille : comment j’ai réappris à rouler. Texte et photos : Gabriel Pereira (IG @gabprr)
Je jette un coup d’œil à mon GPS. Sept kilomètres. Nous avons parcouru à peine sept kilomètres depuis la cour de notre appartement parisien jusqu'à cette portion de la coulée verte, à hauteur de Sceaux, et nous devons déjà mettre pied à terre. J'entends notre fils, Basile, 11 mois, pleurer dans sa carriole. Cela fait déjà quelques minutes que ma compagne et moi essayons de le rassurer, en lui parlant, en chantant à tue-tête sur nos vélos. Rien à faire. Notre bébé, pourtant confortablement installé dans sa remorque-cocon, a décidé qu'on s'arrêterait là, maintenant, tout de suite.
Sept kilomètres. Il nous en reste plus de 60 à parcourir pour atteindre notre objectif, la forêt de Rambouillet, où nous devons passer la nuit. Franchement, à cet instant, je doute. Est-ce bien raisonnable de rouler aussi longtemps avec un bébé de 11 mois ? Notre premier vrai week-end de “bikepacking” en famille est-il compromis ? Et si mon fils n'aimait pas les voyages à vélo ?
Quelques minutes plus tard, à quatre pattes dans l’herbe, Basile s’émerveille de tout et de rien. Je m’assoies sur un banc et regarde avec tendresse mon fils batifoler. J’essaie de me détendre. Mes questions existentielles finissent par me faire sourire. C’est le week-end après tout, il fait beau, et on s’est promis de “prendre notre temps”. Nous remettons finalement notre attelage en route. Des pauses comme celles-ci, il y en aura bien d’autres tout au long de la journée.
On m’a toujours dit qu’on apprenait la patience en devenant parent. C’est vrai. Il a fallu aussi, dans mon cas, réapprendre à faire du vélo. Littéralement. Déjà, tirer une carriole vous ralentit grandement. Bien que la Singletrailer de chez Tout Terrain soit l’une des plus légères du marché, les côtes semblent étonnamment plus pentues, les virages plus serrés et les descentes plus dangereuses. Ensuite, et c’est la partie la plus difficile, il faut rouler au rythme de l’enfant, en l’occurrence un bébé de 11 mois, qui ne s’exprime qu’en pleurant ou, dans le meilleur des cas, en riant.
Bercé par le cliquetis de nos roues libres et par le paysage qui défile, Basile finit par s’endormir, un doudou à la main. L’occasion rêvée d’enchaîner les kilomètres, d’abord à l’abri du soleil sous la canopée de la forêt de Verrières-le-Buisson, puis dans le décor de western poussiéreux du plateau de Saclay.
Plus loin, une aire de jeux bordée d’un carré d’herbe nous fait de l’œil : l’endroit idéal pour déballer nos sandwichs. De toute façon, Basile commence de nouveau à protester. On s’arrête une bonne heure. Peut-être davantage, je ne sais plus. Mais je crois que c’est à ce moment-là que je décide vraiment de lâcher prise, d’apprécier les événements tels qu’ils viennent. Nous avançons à pas de fourmi ? Tant pis. Notre moyenne plafonne à 14 km/h ? Tant pis. Nous devons encore nous arrêter ? Tant pis. Et tant mieux. C’est un nouveau monde pour moi, pour nous, et je finis par me convaincre que nous sommes en train de passer du “temps de qualité”, terme si galvaudé et pourtant si essentiel.
Le bonheur à vélo et en famille est un état d’esprit. Il a fallu le conquérir : trouver notre rythme, accepter les aléas de la route, être à l’écoute les uns des autres. Et c’est dans cet état d’esprit que nous poursuivons notre périple jusqu’au cœur de la forêt de Rambouillet, émerveillés par tant d’essences d’arbres et par cette harde de daims et de biches qui traversent subitement le chemin à quelques mètres de nous.
La fin du tracé n’est pourtant pas simple : Komoot nous envoie régulièrement dans des “singletracks” boueux et nous devons pousser la carriole à plusieurs reprises dans des côtes à plus de 20%. Étonnamment, nous accueillons ces péripéties de fin de parcours avec le sourire. Un état d’esprit, disais-je. C’est la fin d’après-midi et Basile est lui aussi de bonne composition, je l’entends même chantonner et l’aperçois, en me retournant, agiter les bras avec enthousiasme. Pour ma compagne et moi, c’est une petite victoire, après 70 km de petites routes et de chemins cabossés.
Nous arrivons au camping Huttopia presque à l’heure de l’apéritif. Une fois nos affaires installées pour la nuit, nous rejoignons, le cœur léger, la terrasse du camping, qui donne sur une piscine naturelle où nous piquerons une tête le lendemain. Une pizza et des bières nous tendent les bras. Basile est assis sur une chaise haute, le visage doré par la lumière du soir. J’ai l’impression qu’il a grandi depuis ce matin. J’ai l’impression que nous avons grandi aussi en tant que famille.
On parle certes d’une microaventure d’environ 140 km (nous ferons le retour également à vélo), mais elle a été immense car elle m’a rappelé ceci : le bonheur ne se mesure pas en nombre de kilomètres parcourus ou de cols franchis. Le bonheur, c’est chérir ces moments simples et furtifs qui rendent notre existence si spéciale, les mains sur le guidon ou couché dans l’herbe, au bord d’un chemin, sous un arbre qui se balance au vent, ou bien encore assis sur cette terrasse, après une belle journée de vélo, le visage de mon fils éclairé par le soleil de fin d’été.
Vivement la semaine prochaine !
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