#6 -Caroline Ferguson, la "Route de la Soif" gravel, 600Km en 24h avec Clémence V
L'essentiel du Gravel & du Bikepacking - 30 novembre 2020
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Dans cet épisode, je discute avec l’incroyable Caroline Ferguson. Incroyable, car Caroline ne roule que depuis 3 ans et démontre une force, une détermination et une endurance hors-norme. De plus, Caroline multiplie les expériences et maîtrise différentes formes de pratique. Ainsi, nous pouvons la croiser aussi bien sur une épreuve d’ultra-distance, sur un criterium en pignon fixe ou en Gravel.
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La route de la soif par le col de l’Arpetaz
Texte et photos par Richard Delaume
Boucle sur la mythique Route de la Soif, traversant zones d'alpages et châlets. Au départ d’Annecy sans difficulté technique (à part certains passages en chemin), mais physiquement exigeante. Départ tranquille le long du lac puis le long d’une piste cyclable.
Le col de l'Arpetaz arrive après un long échauffement et ça ne sera pas de trop. Long et irrégulier, vous traverserez par contre de superbes paysages. Au sommet, un restaurant familial vous accueillera pour une omelette aussi délicieuse que salutaire.
La route de la Soif consiste en 15km, 1 000D+ sur du chemin roulant mais parsemé de cailloux. Les montées sont éventuellement un peu physique, les descentes rapides mais sans difficultés techniques. Pneus de 40mm minimum tubeless conseillés pour éviter de pincer.
Vous croiserez de nombreux marcheurs durant cette route de la soif, et parfois même 4x4 ou motos. L’arrivée au col des Aravis marque un retour brutal à la civilisation avec beaucoup de vélos, voitures, boutiques de souvenirs, vaches…
La descente est large et sans danger et autorise un retour rapide à Annecy.
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Ronde Van Vlaanderen - 600Km en 24h
Texte et photos : Clémence Vandergheynst et partenaires de route
L’idée est née comme cela, début d’année 2020. Avec 2 amis, nous discutions de la possibilité de rouler 24 heures et du nombre de kilomètres qu’il serait posible de faire.
Suite à cette expérience, ils ont voulu relever leur niveau et rouler 600 kilomètres en 24h. N’étant jamais la dernière pour prendre part à des défis un peu fous, j’ai demandé à être intégrée à leur duo.
Je m’appelle Clémence, j’ai 32 ans. Je travaille en tant qu’infirmière. Le vélo est une passion qui ne me quitte plus depuis 3 ans.
L’hiver est passé, nous avons planifié la trace, élaboré nos stratégies. Une quatrième personne s’est jointe à notre petite équipe, Fred. Le parcours sera dans le nord de la Belgique. Le tour complet de la Flandre. De là est né le nom de notre aventure, le RVV, en flamand « Ronde Van Vlaanderen ».
Nous décidons de réaliser cette boucle en démarrant le soir du 19 juin. Pour bénéficier d’une nuit courte et d’en ensoleillement maximal. Nous avons tous les 4 des vélos de type « gravel », vaillantes montures qui seront équipées de sacoches de guidon et de cadre. Nous installons des portes bidons sur la fourche, le cadre et sous le cadre.
Habillés de la sorte, nos vélos ont l’air d’aventuriers prêts à relever nos défis kilométriques. J’adore voir mon vélo équipé, cela me donne déjà la sensation que je vais vivre quelque chose d’intense.
Nous serons assistés durant la nuit par une voiture suiveuse. Mes parents se sont immédiatement portés volontaires pour nous ravitailler et être présents en cas de besoin. Ils ont toujours été présent dès mon plus jeune âge pour me suivre et me pousser dans mes projets, quels qu’ils soient. J’ai beaucoup de chance de les avoir.
Le mois de juin est là, nous sommes déjà impatients. Les derniers préparatifs se réalisent avec une première reconnaissance du parcours. Nous décidons de rouler 300 kilomètres en partant à l’Ouest sur notre boucle. Le 10 juin, nous parcourons ces 300 kilomètres en 12h50, pauses incluses, notre stratégie étant de s’arrêter le moins possible et de manger un maximum sur le vélo. Un petit doute s’installe en moi. Comment cela se passera-t-il le 19 juin si la cadence est aussi élevée ? Et comment gérer cet estomac qui ne veut plus rien avaler après 250 kilomètres ?
Je laisse mes doutes de côté et je profite de l’élan d’énergie de mes coéquipiers. Dans 9 jours, ce sera le RVV, notre Ronde Van Vlaanderen.
Plus nous approchons de la date du 19 juin, plus les jours paraissent s’écouler lentement. Le stress monte un peu. Je cuisine quelques jours avant une bonne partie de mon ravitaillement, ma maman m’aide dans cette tâche. Nous préparons des cakes salés, sucrés, des crêpes, des boules de dattes aux fruits secs...
Le vendredi 19 juin tant attendu arrive enfin, je suis en congé ce jour-là. Je suis censée me reposer, dormir un maximum. Mais le stress n’aide pas à ma tranquillité d’esprit. Je prépare mon vélo, attache mes sacoches, répartis ma nourriture entre celles-ci et mon sac qui sera dans la voiture de ravitaillement. Je visualise mes objectifs que j’ai établis par paliers.
Passer la nuit, tenir jusqu’à 400 kilomètres et si je peux plus, 500 kilomètres s’avère être un objectif honorable. Car en me basant sur ma vitesse moyenne, je doute d’arriver aux 600 en 24h.
J’élabore des plans A, B , C ... J’essaye de me rassurer.
Les dernières heures s’étirent d’une façon abominablement longue.
Je me rends sur le lieu de départ avec mes parents. Mes 3 coéquipiers sont là, ainsi que des amis et la famille pour certains. Derniers petits réglages, on vérifie et resserre nos sacs. La trace est chargée sur nos GPS. Il reste 600 km, le chiffre est tellement énorme et improbable. Je commence à me rendre compte de la folie dans laquelle nous nous apprêtons à nous jeter. Après avoir consulté les prévisions météo, nous allons finalement parcourir la trace « à l’envers » et donc commencer par l’Est de notre boucle. La partie que nous n’avons pas reconnue lors de notre sortie la semaine précédente. Ceci devrait nous permettre de terminer le parcours avec le vent dans le dos.
Le top départ est donné. Sous les applaudissements de nos familles et de nos proches, nous donnons nos premiers coups de pédales.
Nous sommes galvanisés, nerveux, euphoriques, notre fougue se traduit par un départ rapide. Les premiers kilomètres se font à peine sentir. Un ami nous accompagne sur les 50 premiers kilomètres, il fera demi-tour par la suite. Je me sens bien, en forme, enfin ce projet tant attendu se réalise. Nous roulons deux par deux, Mic et Renaud, qui sont bien plus forts que Fred et moi, restent en tête.
Doucement le soleil décline. La nuit prend peu à peu sa place.
L’atmosphère commence à changer. L’air devient plus frais, les bruits environnants changent, les odeurs de la campagne deviennent plus prononcées avec l’arrivée de l’humidité nocturne.
Et la nuit nous engloutit.
C’est très grisant de rouler de nuit, c’est une première expérience pour moi. Je l’avais un peu redoutée. Mais comme me l’avait affirmé Mic, la nuit, il n’y a personne, les routes sont désertes et calmes. Nous avançons groupés. Mic et Renaud rigolent beaucoup, leurs rires sont motivants et rassurants.
J’ai choisi de ne pas regarder le décompte des kilomètres sur mon GPS. Je n’ai que la carte avec ma trace sur l’écran. Je ne veux pas connaître l’heure ou les kilomètres parcourus. Je ne sais pas pourquoi mais cela me permet de rester plus sereine.
Après une centaine de kilomètres, nous nous arrêtons aux environs de Genk, dans une station essence encore ouverte. Nous faisons le plein de boissons. En effet, le ravitaillement assuré par la voiture ne se fera que vers 5h30 du matin. Au moment où je sors de la station-service, mes 3 amis sont en train d’expliquer notre périple à un automobiliste noctambule. Il n’en revient pas et le manifeste par de grands « Ma nee hein, nee ! » (Nous sommes en Flandre). Au moment où je sors du magasin, cette personne me regarde et crie de plus belle « oh nee ! » Une fille ! Cela me fait sourire. Je suis pleine d’énergie et prête à continuer.
Nous reprenons notre route. Doucement les routes éclairées de la ville laissent place aux petits chemins et pistes cyclables flamandes. Nos phares et lampes de vélos sont nos seules sources lumineuses. Nous croisons une biche, moment magique, elle galope quelques instants à nos côtés avant de s’enfoncer dans la forêt. J’aperçois un renard et des chauves-souris exécutent quelques cascades aériennes entre nos têtes.
La température baisse rapidement, il fait 9 degrés, nos jambes grelottent et je frissonne. Nous nous arrêtons un instant. J’enfile un sous-pull en mérinos. Il va me préserver de la morsure du froid.
J’écoute un peu de musique, mais rapidement je me rends compte que la concentration nécessaire pour rouler de nuit n’est pas compatible avec l’écoute de la musique.
Les obstacles arrivent sans prévenir, les tournants sont parfois bien plus serrés que je ne le pensais...
Je fais mon maximum pour rester dans la roue de mes amis. Je me concentre là-dessus. Tenir la roue, pédaler, freiner, tourner, relancer.
Nous arrivons dans le Limbourg, à Bokrijk, notre trace nous fait passer par un lieu magnifique de jour mais étrange voire inquiétant la nuit. Une piste cyclable un peu particulière traverse un lac, l’eau arrive au niveau de nos têtes. Nous nous arrêtons pour immortaliser l’instant sur nos rétines et en photos. L’eau est noire et une brume presque mystérieuse plane au-dessus de l’eau. Nous redémarrons.
Je me suis habituée à l’obscurité, je me détends. Je pousse la chansonnette et je fais partager mon enthousiasme débordant. Nous parlons entre nous, j’en apprends un peu plus sur mes amis. Les heures passées ensemble, le partage de l’effort, cela crée du lien et de la confiance. Je parle aussi de moi, de mon vécu et de mes expériences. La nuit sera la seule témoin de nos confidences.
Le soleil nous fait grâce de ses premiers rayons. Il ne nous réchauffe pas encore mais le voir se lever est très motivant et stimulant. Nos corps oublient peu à peu qu’ils ont passés une nuit blanche et nous accordent une énergie nouvelle déclenchée par le lever du jour.
Nous arrivons bientôt au rendez-vous avec notre voiture de ravitaillement conduite par mes parents. Nous les croisons sur un petit parking. Ma maman vient à notre rencontre. Ils sont très heureux de nous voir et nous aussi ! Ils nous ont préparé nos affaires et de la nourriture. Nous mangeons avec avidité, nous remplissons nos gourdes et sacoches. Fred est frigorifié, je lui jette une couverture sur le dos, un café chaud va lui être salvateur.
Mais pas le temps de trop discuter, il faut repartir.
Progressivement notre route nous amène vers Anvers, nous avançons sur une belle piste cyclable. Mic et Renaud se remémorent une piste similaire où, l’année précédente, ils ont éclaté un pneu. La malchance a dû les entendre, un grand bang retentit. On se retourne incrédules, qui a crevé ? C’est Fred ! Son pneu avant est complètement plat. Nous faisons demi-tour pour le rejoindre. Le pneu est déchiré sur le flanc, un trou que le produit de prévention tubeless n’aurait pas pu réparer. La roue est démontée et le trou colmaté avec un papier de barre énergétique.
Nous y mettons une chambre à air et nous regonflons le tout. Le bricolage semble tenir.
Nous redémarrons, Fred ne dit rien, mais je peux voir son regard inquiet dirigé vers sa roue avant.
Nous entrons dans Anvers, il doit être 8h du matin, je ne sais plus trop, j’ai un peu perdu la notion du temps. Mon compagnon, Manu, et un ami, Maxime, nous attendent à un croisement. C’est une surprise pour nous. Maxime, qui n’avait pas prévu cette sortie, est venu avec un vélo de course vintage ! Des gants et un casque boudin d’époque aussi ! C’est très atypique et cela nous fait bien rire. Maxime a 3 vélos et chacun a son prénom. Celui-ci s’appelle Donatienne. Nous allons parcourir ensemble une cinquantaine de kilomètres jusqu’au prochain ravitaillement.
Je me sens bien, voir mes amis me donne de l’énergie et efface un peu la fatigue de la nuit blanche. Mais je perçois doucement que mon ventre commence à me faire comprendre qu’il ne veut plus me suivre. Nous sortons de la ville, nous évoluons à présent sur de petites routes de campagne. Un arrêt sanitaire est demandé par les gars, j’en profite aussi. Et force est de constater que mon transit n’apprécie plus cette longue balade. J’espère que cela va passer.
Nous arrivons au ravitaillement, mes parents ont de nouveau tout préparé pour nous, même des croissants !
Mais l’appétit m’a quitté, je commence à être un peu inquiète, kilomètre 300, je vais bientôt entrer dans une zone inconnue. Jusqu’à présent, ma distance maximale en une journée était de 310 km. Je perds du temps à retrouver mes affaires, à choisir quoi prendre dans mes sacoches, remplir mes bidons. Finalement le moment de repartir arrive et je n’ai pas mangé ! J’attrape une bouteille de lait chocolaté que j’avale cul sec, suivie d’une autre boisson lactée. J’espère avoir comblé le vide calorique et rempli suffisamment mon estomac.
Nous reprenons la route, Manu et Maxime repartent de leur côté, nous sommes de nouveau à 4. Je ne parle plus beaucoup, je me cale dans le dos de Renaud, je fixe son dérailleur et je fais tout pour rester dans sa roue. Il boit, je bois, il se couche dans ses prolongateurs, je me couche aussi, il change de vitesse, je change.
Je me laisse hypnotiser par la route qui défile. Je commence à avoir la nausée, je sens que je ne digère pas. Je me parle beaucoup en moi-même, je m’encourage, je dis à mon corps « ok j’ai compris que quelque chose ne te plaît pas, mais continue encore un peu, on se reposera plus tard. » Je me dissocie progressivement. Je sépare ma pensée de mon corps, je l’encourage et le guide comme un cavalier le ferait avec un cheval fatigué.
Je n’arrive plus à écouter de la musique, même penser devient compliqué. Ma tête se vide doucement. J’aurai besoin de m’arrêter 3 fois pour des soucis intestinaux. Après chaque arrêt, je me questionne « faut-il continuer ? » « Puis-je encore tenir un peu ? » Je constate les regards de mes amis, ils ont des doutes, je le sens. Renaud insiste: il veut savoir comment je vais. Je lui réponds : “donne-moi juste deux minutes...” Il me déconseille de m’asseoir. Nous repartons, ma tête se vide de plus en plus. Chaque bas-côté herbeux ressemble à une zone confortable et attirante pour me reposer.
Au loin, un ami, venu en sens inverse depuis Ostende, nous rejoint. Guillaume, 20 ans, il roule avec moi depuis le début d’année. C’est un géant, sur son vélo rouge il nous donne un coup de fouet. Il prend d’instinct la tête. Nous nous mettons en file derrière lui. Mic et Renaud se reposent dans sa roue. Ils l’ont bien mérité, depuis le début de cette aventure, ces 2 amis se relaient en tête et nous motivent.
Je reste derrière Renaud, mes paupières semblent rester fermées un peu trop longtemps quand je cligne des yeux. Je me rends compte que mon organisme aspire au sommeil et que je n’arrive plus à le convaincre de continuer.
Je fixe mon attention sur un détail pour essayer de garder les yeux ouverts, sur le mollet droit de Renaud, il y a un tatouage. Une étoile, qui va prendre vie et commencer à bouger et me parler ! Je comprends que je commence à avoir des hallucinations. Je demande un nouvel arrêt.
Nous sommes le long d’un canal. Je me retire pour souffler 2 minutes et subir un nouvel assaut de mon ventre mécontent.
Quand je reviens près des garçons, Renaud me toise de toute sa hauteur et me dit calmement « Clem, il reste 10h de vélo. Comment ça va aller ? »
10 heures, ce chiffre résonne en écho dans ma tête. Je n’hésite pas longtemps. Même si après chaque arrêt j’ai l’impression d’aller un peu mieux, je sais que dans 10 minutes je vais de nouveau replonger. Ma bouche et ma langue picotent et s’engourdissent. Je ne suis plus lucide. Et je pense à eux. Je vais être une charge mentale et physique pour eux. Même si par volonté je tiens encore 1 ou 2h, que va-t-il se passer si je ne peux plus avancer ? Je risque de gâcher leur exploit.
Je réponds à Renaud, à Mic et Fred, que je vais en rester là. La décision est vite prise : les garçons vont me déposer à Bruges et j’y prendrai le train. Je sens le soulagement m’envahir. J’ai un peu honte d’abandonner et je suis déçue, mais à ce stade, je ne peux pas être égoïste. Nous parcourons la dizaine de kilomètres qui nous sépare de Bruges.
Arrivé là, Guillaume se propose de m’accompagner pour prendre le train. Cela me réconforte, j’ai une grosse envie de pleurer. Je ne me sens pas à la hauteur. Mic me stimule à rouler encore 15 kilomètres pour avoir le chiffre rond de 400 kilomètres. J’hésite mais me ravise ensuite, la perspective de continuer encore ne me convient pas. J’ai envie que cela s’arrête. J’embrasse et je serre dans mes bras mes 3 amis, je suis sous l’émotion mais je m’interdis de pleurer devant eux.
Je les regarde partir avec un gros pincement au cœur. Après 19 heures passées ensemble, c’est dur de se séparer de la sorte. Je remonte en selle, direction la gare de Bruges.
Nous y arrivons rapidement, j’achète mon ticket et je regarde enfin mon GPS, j’aurais roulé 387 kilomètres en 15 heures de roulage réel et 18h38 au total.
Je monte dans le train avec mon vélo et Guillaume. Je repense à toute cette route, à tout ce chemin parcouru et à la suite de mes projets. Je relativise. En effet, avant de commencer cette sortie, je m’étais fixé des objectifs par palier. Premièrement rouler de nuit, tester mon matériel, mes vêtements, mes lampes et le manque de sommeil. Deuxièmement si c’était possible, j’espérais atteindre les 400 kilomètres. Objectif qui me semblait honorable. Et dans le meilleur des mondes, 500 kilomètres me paraissaient le maximum pour moi.
Je rentre finalement chez moi, Manu m’attend sur le quai de la gare. Nous rentrons à la maison. Mon chien vient m’accueillir, je le serre dans mes bras et je fonds en larmes. Pas de tristesse, juste de fatigue et d’émotion. Je mettrai 4 heures avant de réussir à manger quelque chose. Durant la soirée, je suis régulièrement le live track de mes amis. Mes parents les rejoignent sur Courtrai pour un dernier ravitaillement à 500 kilomètres. Ils me décriront les garçons comme étant fatigués, harassés mais encore avec le mental de continuer.
Avec le retard accumulé, ils vont devoir affronter un nouveau coucher de soleil. Chose qui me paraît mentalement très difficile vu qu’ils n’y étaient pas préparés. Leur moyenne baisse, les vraies difficultés du parcours arrivent. Le dénivelé est concentré sur les 100 derniers kilomètres. Vers 23 h je m’endors avec la certitude qu’ils vont réussir.
Je passe une nuit sans rêve, une nuit qui va me sembler ne durer qu’une minute. Le dimanche matin, quand je me réveille, je me précipite sur mon GSM pour voir s’ils sont bien arrivés. Je découvre une photo de mes 3 héros marqués par la fatigue mais souriants avec une petite phrase « On l’a fait pour toi Clem ». Je suis remplie d’émotions, je suis tellement heureuse et fière pour eux.
Ils ont réussi ! Ils auront réalisé l’exploit de rouler 604 kilomètres en 24h05 de roulage et 28h59 au total.
Je retire de cette petite aventure beaucoup d’apprentissage, que ce soit au niveau de la gestion de mon effort, de mon matériel, je relativise mon « échec » qui n’en est pas un au final. Je comprends que je dois travailler un point essentiel : l’alimentation. Je pense que c’est ce qui m’a rendue malade et à conduit à mon abandon. Je suis contente d’avoir pu me tester en conditions réelles pour éviter les mauvaises surprises le jour d’une vraie la course. Je peux me rassurer en validant la distance des 300 kilomètres comme étant acquise. Mais au-delà je dois pouvoir me reposer pour continuer et je dois aussi nettement améliorer mon alimentation. Je vais débriefer tout cela avec mon coach et un nutritionniste du sport.
Pour conclure, que dire? Je n’aurais jamais cru faire du vélo il y a 3 ans, encore moins de l‘ultra endurance. C’est pourtant la direction que j’ai choisie. Car au fond de moi, il y a une âme d’aventurière, je sens que c’est ce que je dois faire. Comme si cette soif, cette boulimie des kilomètres, avait toujours été là et se réveille quand je suis sur mon vélo.
Je remercie Fred pour sa compagnie, son écoute et son soutien moral durant cette sortie hors norme.
Je remercie Renaud pour sa prévenance et sa gentillesse sans faille.
Je remercie Mic car c’est lui qui n’a eu de cesse de me pousser à évoluer, à travailler, à trouver ma voie et ma place. C’est lui qui m’a donné confiance pour me lancer des défis. Je vous remercie tous les 3 pour m’avoir acceptée dans ce trip incroyable et pour m’avoir considérée comme votre égal.
Je remercie mes parents, car peu importe mes projets, ils m’ont toujours suivie, accompagnée et encouragée.
Je remercie mon compagnon Manu pour sa patience et son soutien quotidien dans mes idées et mes délires. Il me pousse à vivre mes expériences à fond.
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